La Bretagne n’est pas que le berceau de la potion magique de Panoramix ! Depuis plusieurs décennies, les whiskies made in Breizh ont conquis les papilles des inconditionnels d’alcools français et de marques de spiritueux d’exception. Du Finistère à l’Ille-et-Vilaine, en passant par les Côtes-d’Armor et le Morbihan, les distilleries de Bretagne élaborent une riche palette de nectars armoricains : whisky d’orge, whisky de blé noir, single malt, ou encore whisky au finish atypique. Histoire, création de l’IGP, cahier des charges… : embarquez pour un tour d’horizon de la passionnante appellation Whisky Breton, aussi connue sous le nom de Whisky de Bretagne !
« Un whisky français ? Impossible ! ». Cette phrase, Gilles Leizour a certainement dû l’entendre à maintes reprises au début des années 1980. À cette époque, le dirigeant de la Distillerie Warenghem, basée à Lannion dans les Côtes-d’Armor, planche avec enthousiasme sur la création d’un OVNI : un whisky breton et, surtout, le tout premier whisky de France !
Dans sa tâche, l’entrepreneur avant-gardiste peut compter sur le solide savoir-faire de sa distillerie, mais aussi sur les magnifiques ressources qu’offre la région bretonne. Entre la pureté de ses eaux, la proximité de l’océan et un climat remarquable, tout y est réuni pour confectionner des whiskies de qualité.
En 1987, la vision de Gilles Leizour devient enfin réalité : ses premières bouteilles sont commercialisées. L’intérêt des amateurs de spiritueux français ne se fait pas attendre, et le Whisky de Bretagne connaît rapidement un joli succès, à l’apéritif comme en digestif. 35 ans plus tard, la gamme de la Distillerie Warenghem s’est largement étendue autour de whiskies bretons reconnus, dont son Single Malt Armorik Classic.
Depuis ces débuts prometteurs, d’autres producteurs lui ont emboîté le pas, à l’image de la Distillerie des Menhirs, installée à Plomelin dans le Finistère. En 2002, la famille Le Lay lance en effet une véritable révolution : son whisky de blé noir Eddu Silver (« Eddu » signifiant justement « blé noir » dans la langue armoricaine) est le premier du globe à être élaboré à partir de sarrasin. Cette innovation s’impose comme une évidence pour révéler la personnalité si profonde de la céréale bretonne emblématique…
Si d’année en année, les Whiskies Bretons se font une place au soleil parmi les meilleurs whiskies français et mondiaux, une menace vient obscurcir leur ciel. En 2014, l’Union européenne souhaite faire du ménage sur les étiquettes de produits, notamment celles des spiritueux : si un alcool ne possède ni IGP (Indication Géographique Protégée) ou AOC (Appellation d’Origine Contrôlée), sa mention géographique devra être supprimée.
Une seule solution s’impose pour préserver l’identité du Whisky Breton à l’échelle européenne : obtenir l’enregistrement officiel de son indication géographique. Le 26 avril 2014, le Syndicat de Défense du Whisky Breton dépose donc son dossier auprès de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité).
En 2015, victoire ! Le Whisky Breton (ou Whisky de Bretagne) est reconnu en France au titre d’AOC, et dans l’Union européenne au titre d’IGP. Aujourd’hui, la Fédération du Whisky de Bretagne continue de défendre fièrement les délicieux breuvages de son territoire, en unissant les forces de plusieurs producteurs bretons.
Ainsi, malgré des débuts relativement récents, les whiskies français de Bretagne rivalisent de qualité et d’originalité avec leurs cousins celtes d’Écosse et d’Irlande !
N’est pas Whisky Breton qui veut ! Pour pouvoir apposer la précieuse mention sur l’étiquette de son flacon, un distillateur doit respecter un cahier des charges rigoureux, allant plus loin que les standards européens. De cette façon, il garantit l’authenticité et la qualité du savoir-faire de son alcool breton.
Au premier rang des contraintes à respecter se trouve bien sûr l’aire géographique. Un Whisky Breton ne peut voir le jour que dans des communes appartenant à ces départements : les Côtes-d’Armor, le Finistère, l’Ille-et-Vilaine, le Morbihan, et même une part de la Loire-Atlantique (dont fait partie Nantes). Autrement dit, un Whisky de Bretagne ne peut être brassé, fermenté, distillé et vieilli que sur ces territoires.
Lors de la dégustation, cette aire géographique assure aux consommateurs de retrouver toute la typicité du terroir breton. Par exemple, les eaux puisées dans son sous-sol granitique s’avèrent d’une grande pureté. Leur légère touche d’acidité, quant à elle, favorise la fermentation. Autre force de la Bretagne : son climat. Sa douceur et sa légendaire humidité offrent un vieillissement harmonieux, propice à l’épanouissement des arômes, tout en étant plus clémentes que la météorologie de pays historiques du whisky, comme l’Écosse.
D’origine française, maltés ou non, le blé noir, l’épeautre, le maïs, le seigle, l’avoine ou encore le blé peuvent être sélectionnés. Grâce à ce formidable éventail de céréales, les distilleries de Whisky Breton peuvent mettre à profit tout leur savoir-faire et leur talent d’innovation.
Côté élaboration, de nombreuses règles sont fixées. Parmi elles, les producteurs ont le choix entre un alambic à repasse simple ou muni d’une colonne, ou un alambic à distillation continue, dont la capacité doit être inférieure à 60 hectolitres. Le whisky doit être vieilli au moins trois ans, dans des fûts de chêne uniquement. Enfin, une fois mis en bouteille, le Whisky Breton titre à 40 % minimum.
Dans ce cadre, les distilleries donnent vie à une incroyable diversité de nectars, et le Whisky Breton se décline à travers une vaste gamme de flacons : le whisky Armorik Sherry Cask de la Distillerie Warenghem, le whiky Kornog – Finish Sauternes de la Celtic Whisky Distillerie, le Single Malt Galaad de la Distillerie de la Mine d’Or, le whisky de Bretagne Ed Gwenn Affinage Bourgogne de la Distillerie des Menhirs, le Whisky Breton de la liquoristererie Fisselier…